Ca y 'est on met les voiles "SO LONG MY FRIENDS"

Lundi 6 aout 2024

Et voila nous y sommes. La navette furtive comme on l’appelle (l’arcoa 600 de mon père Olivier) vient de me déposer au bateau dans le chenal de Claouey. Sentiments partagés d’accomplissement car cela fait maintenant une dizaine d’années qu’on a lancé ce projet, et d’appréhension car l’air de rien avec notre nouveau choix de vie, nous laissons derrière nous familles et amis. Dernière nuit sur le bassin d’Arcachon ou nous nous sommes rencontrés avec Laure, ou nous nous sommes installés et avons achetés notre maison en 2015. Je vais rapidement me coucher âpres ce dernier couché de soleil Arcachonnais car de longues journées m’attendent dans les jours qui suivent.

Mardi 7 aout 2024

Un petit bol de céréales ce matin, un petit rhum euh non un jus d’orange et je commence à tout ranger et préparer dans le bateau. La marée est à 19h30 il me faut donc être vers 18h30 19h devant le ferret. Je hisse les voiles vers 16h direction les passes. Bien qu’il n’y ai pas beaucoup d’eau dans le bassin j’éprouve un grand plaisir à y naviguer avec Aore.

Les touristes sont de sortis une fois arrivé devant Grand Piquey, mais la taille du bateau pour le bassin fait qu’on me laisse relativement tranquille, personne ne s’approche de trop prêt. Max, Alice et Caro arrivent en hors-bord pour m’accompagner en dehors du bassin. Beau temps, belles images gravées dans ma tête, le banc d’Arguin la dune du pyla que c’est beau cet endroit, j’espère repasser dans l’autre sens au même endroit dans 3 ans

SO LONG MY FRIENDS

Je dis ça mais une fois en pleine mer je pleure et j’éclate de rire en même temps, je craque quoi.

Mercredi 7 aout 2024

Ma première nuit en mer se passe bien, pas grand monde dans ce coin-là, à part quelques pécheurs. Je marche au pré dans une mer plutôt calme dans 15 nœuds de vent. Dans la journée le vent prend de l’Est et faiblit, j’envoie le spi.

Jeudi 8 aout 2024

Je refais un routage et communique avec mon père, des calmes s’annoncent en arrivant sur les Açores et cela fait un moment que je n’ai pas refait de gazole (depuis mon départ de Port Médoc), je prends donc la décision de m’arrêter avant la sortie du golfe à Ribadeo pour « REAPROVISIONAMENTO DE COMBUSTIBLE » comme on dit. Je check un peu tout, me rend compte qu’il manque un peu d’hydraulique dans la pompe du pilote pas vraiment envie de parcourir Ribadeo à la recherche de la fameuse « ACEITE ». Non pas que Ribadeo ne soit pas sympa bien au contraire mais je suis déjà passé par là en 2019 et la mon objectif c’est les Açores (encore à ce moment-là). Je trouve donc un copain d’apéro au ponton d’à côté qui lui a justement la fameuse huile. Le capitaine a soif également pensez vous comme la pompe hydraulique, mais il restera raisonnable comme à l’accoutumé

Vendredi 9 aout 2024

Je me lève tôt pour effectuer les formalités et bien ranger le bateau. Petite manœuvre en marche arrière pour faire le « REAPROVIOMENTO DE COMBUSTIBLE » puis cap à l’OUEST mon capitaine. Le vent est quasiment absent cette matinée puis se lève bien comme il faut dans la journée. 2 ris sont pris dans la grand-voile et le foc de brise est de sortis. Etant portant le bateau ne tape pas trop mais alors par contre la mer croisée de 2m pas plus me fait pourtant rendre le guacamole et les bières de la veille.

Samedi 10 aout 2024

Nuit plutôt mouvementée pas mal de vent, de pécheurs de tankers, de cargos bref pas beaucoup dormis, je suis content que le soleil se lève et que la zone de séparation de trafic soit derrière moi. Je fais des petits exercices sur le pont, je me tâte à diminuer la voilure car le vent souffle maintenant assez souvent 35 nœuds mais la mer courte m’oblige à quand même avancer pour ne pas trop subir.

Dimanche 11 aout 2024

 Le vent mollit, superbe nuit étoilée, je renvois de la toile vers 4h du matin et j’augmente la durée de mes siestes pour la veille il y a de nouveau plus âme qui vive. Ce matin Lard œuf miel je crois que le mal de mer m’a définitivement quitté avec cette belle nuit. Toujours pas d’orques en vue mais beaucoup de dauphins. Avec cette belle journée j’ouvre tout le bateau et fais tout sécher. Le vent refuse je suis au 180 les Açores elles, au 250…

Lundi 12 aout 2024

Plus de vent. Les gens pensent requins et tempêtes comme trucs chiant au niveau de la navigation mais alors les calmes ce n’est vraiment pas terrible non plus. Avec un bateau comme Aore on a maximum 50h de gazole, bref pas grand-chose, on ne pas trop compter la dessus pour traverser un océan. Il faut du coup optimiser en permanence le bateau pour capter le moindre souffle de vent donc plus d’effort et encore moins de repos. Quand il n’y a pas de vent pour gonfler les voiles, le bateau n’est pas appuyé et le gréement subit des gros à-coups quand le bateau roule donc pas bon pour le bateau non plus.

Je fais un point météo avec mon père gros calme annoncé avec un anticyclone qui bouge tout le temps entre les Açores et ma position, je risque de pas avoir assez de gazole et je suis à bord d’un voilier pas d’un chalutier donc, changement de programme cap sur Madère.

Les Açores attendront 3 ans d’ici-là, après notre passage à Madère et surtout au Brésil, je parlerai peut-être portugais qui sait.

Mardi 13 aout 2024

Le vent se lève dans la nuit, il est très léger une dizaine de nœuds mais au pré de quoi avancer sur cette mer complétement plate, ciel magnifique puis vers 10h je me retrouve à 120° du vent entre 12 et 18 nœuds trop bien.

Une belle dorade coryphène mort à la ligne derrière je la laisse se fatiguer un peu sur le câble en acier pris sur le taquet, puis je la remonte à bord c’est ça la pêche sportive. Tout seul j’ai de quoi manger pendant quelques jours je lève les filets puis direction le frigo.

Je croise quelques dauphins les plus gros que j’avais jamais vu. Une tortue également qui a sorti sa petite tête de l’eau quand AORE est passé juste à côté d’elle. Je recroise quelques cargos et tankers.

Mercredi 14 aout 2024

Le vent force et la mer se lève toute la journée. Mer assez courte désagréable le vent passe sur l’arrière mais trop fort pour que j’envoie le spi lourd seul je ne suis pas assez entrainé donc le bateau commence à rouler d’un bord sur l’autre, pas très agréable je subis un peu. Je me tâte a envoyé le spi lourd tout seul quand même mais une bonne bourrasque me ravise. Je dors au pied de mat histoire de pas trop me faire secouer après avoir ingurgité quelques doses de courage pour la nuit.

Jeudi 15 aout 2024

La mer a été mauvaise cette nuit vraiment courte et le vent a continu de forcer. J’empanne vers 5h du matin pour passer entre les iles de Porto Santo et Madère. J’aurais croisé personne sur ce secteur à part un tanker en partance pour Huston à mon avis il vient de ravitailler l’ile son ETA est dans 10 jours chez lui ça trace vraiment ces bateaux. Trajectoire toujours très abattue avec une mer toujours courte croisée et moi je n’aime pas ça la mer courte et croisée… une petite dose de courage…

Je passe la pointe Est de Madère puis cap juste derrière sur la marina Quinta do Lorde. Cette fois ci vent en plein dans la gueule je me fais bien rincer tout en préparant les pares battages amarres, puis affalage des voiles ni une ni deux je suis déjà à l’entrée de la marina. Je suis un peu tendu car tout seul à la manœuvre et y’a du vrai vent qui tombe de la falaise. Dans toutes mes grandes manœuvres comme on dit je n’ai pas entendu le mec du port à la VHF qui me fait des grands signes quand je passe le chenal, il a l’air bien énervé mais ça lui passera et il sera en fait par la suite très gentil.

Il m’indique une place improbable je ne sais pas trop comment m’y prendre, le voila qui s’énerve de plus belle en me mimant de mettre les gaz, il est tendu le garçon c’est vrai qu j’arrive timidement pour réfléchir à la manœuvre et qu’il y a beaucoup de vent il a peur que je me loupe je pense.

Allez Cédric on y est presque on reste calme et ça va bien se passer. Du monde arrive sur le ponton, mon futur voisin un Allemand sur un Hallberg Rassy « what else » à l’air de bien aimé la bière… il m’en offrira une, une fois la belle manœuvre assurée.

Et voila clap de fin pour ma première petite traversée en solitaire et « BEM VINDO A MADEIRA »

PS : et dire que les filles arrivent lundi en easy jet en 3 heures… dès fois on se demande pourquoi on s’inflige tout ça à la voile mais avouez c’est quand même vachement plus classe.